La nuit est douce pour leur escapade. Dans la voiture de Boris, ils filent vers le Vieux-Hull où Gaétan les emmène pour commencer la recherche des seuils dans l’espoir de ramener Boris dans son monde. Tous se taisent, conscients de l’importance de ce qui va peut-être se passer.
G - Boris, prenez la rue Principale, je veux dire Promenade du Portage, que voulez-vous, en vieux Hullois que je suis, je ne m’habitue pas au nouveau nom!
B - Tu veux que j’arrête où?
G - Le plus près de l’ancien hôtel Chez Henri.
B – Mais pourquoi nous amener là?
G - Bien, c’est un des endroits où vous vous êtes arrêté.
B - Mais c’est au parc Brébeuf que j’ai trouvé Judith.
G - Je sais, mais vous avez besoin de pratique avant qu’on y aille.
B - De pratique. Pratiquer quoi?
J – Seigneur, Boris, ne pose pas tant de questions. Je pense que Gaétan sait ce qu’il fait, non?
B – Ok ! Ok ! De toute façon, on est arrivé.
Tous trois descendent de la voiture. Gaétan les fait traverser la rue et les fait s’arrêter devant la vieille maison en briques rouges, voisine de l’hôtel, mais de l’autre côté de la rue Aubry. Il s’approche du coin de la rue, prend le temps de regarder s’il y a des passants. Personne. C’est la bonne heure.
G - Restez très proches de moi et avancez doucement. En fait, donne-moi la main Judith et, Boris, prenez celle de Judith. On y va lentement et, surtout, n’hésitez pas, sinon, vous ne passerez pas le seuil.
Gaétan disparaît le premier, suivi de Judith, mais Boris est trop surpris pour continuer. Il reste seul sur la rue, interloqué. Bientôt, les disparus réapparaissent.
G - Vous vous êtes retenu! Voyez-vous pourquoi vous avez besoin de pratique!
B - Et j’aurais fait ça comment?
G - Avez-vous vu le premier film de Harry Potter?
B – Oui.
G - Alors faites comme Harry quand il fonce dans le mur pour arriver sur la plateforme 9 ¾. Vous verrez, ça passe tout seul, mais n’hésitez pas!
B - Je vais essayer, mais je ne vous promets rien.
G - D’accord, on recommence. Faites comme je vous ai dit tantôt.
Boris ferme les yeux et tient fort la main de Judith, il se colle contre elle et prend une grande respiration. Pour un bref instant, tout ruisselle autour de lui, comme s’il traversait un rideau de pluie. Quand il ouvre les yeux, il voit Gaétan et Judith lui sourire.
G - Bienvenue en 1983 devant le vrai hôtel Chez Henri, tel qu’il était dans son authenticité. Nous sommes même en plein jour, alors, comme vous voyez Boris, l’espace-temps n’est pas partout le même!
B - J’ai peine à y croire. Sommes-nous dans un autre monde?
G - Non, pas ici, nous sommes toujours dans le monde de Judith, mais dans le passé. Mon idée, c’est de vous habituer à traverser, car passer dans un autre monde, c’est beaucoup plus intense que ce que vous venez de vivre. D’ailleurs, je veux vous emmener dans d’autres moments de notre passé, question de bien vous pratiquer. Êtes-vous prêt?