
G -Avez-vous apporter les lettres et les photos?
B - Oui, les voici.
G - Merci de me permettre de les toucher.
B – Tu peux les lire aussi. D’ailleurs, Gaétan, tu peux me tutoyer!
G - Pour l’instant, excusez-moi, mais j’aime mieux en rester au vous et ce n’est pas nécessaire de lire les lettres. Judith, est-ce que je peux aller dans la cuisine, il faut que je regarde les photos en privé.
J - Bien sûr, fais comme chez vous.
Gaétan quitte le salon, emportant les lettres et les photos. Boris jette un regard inquisiteur à Judith qui lui fait un grand sourire.
J – T’inquiète pas, il ne fera pas de la magie ou du vaudou!
B – Quand même, j’ai hâte d’en savoir plus.
J – Ah ! Boris, tout vient à point qui sait attendre. En attendant, veux-tu un verre de vin ?
B - Pourquoi pas! Est-ce que ça va être long son affaire?
Judith hausse les épaules et va chercher un verre dans le vieux buffet qui orne un des murs du salon. La bouteille de vin est à porter de main sur la table à café et elle tend bientôt son verre à Boris. Elle prend le sien et ils font tchin-tchin.
J - Moi aussi, j’ai hâte qu’il se prononce. Ça m’embête autant que toi ce qui se passe. Mais je ne sais pas pourquoi, j’ai confiance en Gaétan. Ce n’est pas un huluberlu comme tu sembles le penser. Je sais qu’il est apprécié et sollicité pour toutes sortes d’affaires. De toute façon, je ne vois pas comment on peut résoudre notre situation autrement.
B - C’est juste que je suis habitué à plus de rationalité que ça. Je n’arrive pas à comprendre et ça m’énerve!
Sur ces entrefaites, Gaétan entre dans le salon et remet lettres et photos à Boris. Il s’arrête et regarde attentivement Boris et Judith à tour de rôle, et sourit gentiment.
G - Boris, vous n’êtes effectivement pas à la bonne place. Je suis presque sûr que vous avez franchi un seuil sans vous en rendre compte.
B - Qu’est-ce que tu dis?
G - Vous avez passé un seuil, comme si vous aviez entré dans une maison qui n’est pas la vôtre.
B - Et j’aurais fait ça comment?
G - Sans le savoir, mais à cause de votre désir.
B – Mon désir…
G - De revoir Judith. Vous l’aimiez passionnément, les photos le montrent et les lettres de Judith vous ont brisé le cœur tranquillement, mais vous ne l’avez jamais accepté.
B - Mais c’est moi qui suis parti. C’est elle qui a eu le cœur brisé.
G - Elle vous l’a transmis. Bref, votre histoire d’amour ne s’est jamais vraiment terminée. C’est votre désir qui vous a mené dans notre monde à nous par inadvertance. Ce que vous ne savez pas, Boris, c’est que notre Judith vous aimait à l’université. Il y avait de la chimie entre elle et notre Boris, tous les deux le sentaient, mais pour des raisons qui me sont obscures, leur relation ne s’est pas nouée comme celle de votre Judith et vous. Si notre Judith n’avait pas eu ces sentiments, jamais vous n’auriez traversé dans notre monde. Ce que l’on tait agit souvent plus fortement que toute parole.
Boris regarde Judith qui rougit et ce n’est pas l’effet du vin. Elle opine de la tête et Boris comprend que ce que Gaétan vient de lui révéler est vrai.
B - Par principe, je vais te croire, Gaétan. Alors qu’est-ce qu’on fait maintenant?
G - Nous allons tous les trois ensemble chercher les seuils ou, si vous préférez, les portails spatiotemporels. Boris, avez-vous dressé la liste que je vous ai demandée?
B - La voici.
G - Allons-y, il n’est jamais trop tard pour bien faire! Judith, fais entrer Limousine, sinon il va nous suivre…
