Attachement ou attaché?
- F
- 16 oct. 2024
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C’est une question qui se pose pour à peu près tout. Par exemple, avons-nous de l’attachement pour nos parents ou leur sommes-nous attachés? Ou, pour le dire autrement, ont-ils de l’attachement pour nous ou nous ont-ils attachés? Il paraît que c’est une hormone qui crée cet attachement, aussi dans les relations amoureuses, comme aimeraient tant nous faire croire les neurologues et autres neuros de tout acabit. Si oui, y a-t-il une hormone de l’attaché? Car, aujourd’hui, tout n’est que le produit dérivé de l’activité du cerveau. D’où la recherche intensive des compagnies pharmaceutiques pour ces petites pilules qui guériraient l’absolu, c’est-à-dire notre mal à l’âme.
À défaut de ces solutions de la pharmacopée, il semble que la réponse se trouve dans nos téléphones cellulaires, bien nommés, puisque nous semblons y être attachés à chaque jour un peu plus. Nous y sommes volontairement et confortablement en cellule, captifs des représentations des vies trépidantes de soi-disantes personnes, car, avec l’IA, comment savoir si elles existent vraiment. Mais peu nous importe, en autant que nous puissions poursuivre le visionnement de leurs péripéties qui, justement, sont faites pour générer en nous ladite hormone de l’attachement.
Tenant dans une main notre cellul-ère, le regard rivé sur l’écran, nous nous baladons sans voir le monde autour de nous. Les oreilles branchées sur les écouteurs dernier cri, nous sommes sourds aux rumeurs de la ville ou des sentiers en nature, toujours attachés à d’autres que soi.
Je n’oublierai jamais ces quatre jeunes amis entrant au café. Aussitôt assis à une table, chacun a sorti son téléphone et appelé quelqu’un. Ils ont parlé ainsi pendant un bon bout de temps. Au lieu d’être là, ils étaient ailleurs. C’était il y a vingt ans. Nous en avons fait du chemin depuis. Maintenant dans les cafés, les restos, il y a tout plein de personnes seules devant leur portable ou leur cellul-aire, attachées à ce qui se passe à distance. L’ici, c’est désuet, ne parlons même pas du maintenant quand il est possible de naviguer à vue sur la toile. Bien mieux de connecter avec des personnes dans les réseaux sociaux que d’oser parler à la personne voisine de table! S’il fallait qu’elle ait mauvaise haleine….
Le pire de tout, je l’ai lu dans un article du journal Le Devoir du 12 septembre dernier au sujet de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur les jeunes. Je cite : « Emmanuelle Parent, du Centre pour l’intelligence émotionnelle en ligne, a fait état des commentaires que les enfants formulent le plus souvent au sujet du temps d’écran. "Dites à mes parents de lâcher leur téléphone. De ne pas prendre leur téléphone quand je leur parle." Dans chaque classe qu’on visite, les jeunes mentionnent qu’ils veulent l’attention de leurs parents. C’est vraiment flagrant. »
Mal à l’âme, dites-vous?
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