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Le Monstre de Noël

  • F
  • 16 déc. 2024
  • 2 min de lecture

Il est sorti, c’est sûr. Cette année, il était même en avance sans doute à cause de la grève des postes. D’habitude, on voit ses traces au début décembre.


Personne ne le voit jamais, mais beaucoup sentent sa présence. Plus même qu’on pense. En secret, dans leur for (fort) intérieur, ils et elles se disent : « Pas encore Noël! » Leurs visages s’allongent, leur cœur bat plus vite, certains voient la sueur perlée sur leur front. Naturellement, si on n’est pas chrétiens, le problème ne se pose pas. Parfois, ça donne le goût de changer de religion. Mais, dans toutes, il y a une sorte de « Noël ». En fin de compte, personne n’y échappe, pas même les athées!


C’est même pire quand on a de beaux souvenirs d’enfance. Le sapin tout illuminé, décoré de belles boules de couleurs, qui fleure bon. Les cadeaux qui s’empilent à son pied. Les biscuits au beurre, les tartes au sucre, le gâteau aux fruits, la bûche de Noël, la grosse dinde dorée, etc., etc. Le sourire des convives autour de la grande table dressée dans ses plus beaux atours, les chansons, les jeux, la messe de minuit en pyjama sous le manteau. En tout cas, dans le temps, quand on était petit, le monstre nous laissait tranquille. Pas tous les enfants, mais beaucoup, les traditions étaient fortes et nous orientaient. Il y avait des repères, des us et coutumes. Aujourd’hui, je ne sais plus.


Ce que je sais, par contre, pour l’avoir entendue bien des fois, c’est l’angoisse que le Monstre de Noël, ou MDN, suscite chez les adultes, car il prend toutes les formes possibles. Sa préférée, c’est une sorte de tremblement subtil qui pénètre jusqu’à l’os, faite d’anticipations négatives, d’attentes déçues d’avance, de désirs suspendus, de souhaits retenus, de pardons impossibles.


En fait, c’est un grand empoisonneur – son fiel se compose de toutes les remarques désobligeantes prononcées par l’un ou l’autre des êtres proches ou chers, de toutes les veillées baptisées de trop d’alcool et des gestes déplacés qui s’ensuivent, de toutes les pointes plus ou moins trempées dans l’acide échangées autour de la table du réveillon, du dîner ou du souper selon les traditions familiales de chacun, chacune.


Alors, quand les Fêtes s’annoncent, ces petits poisons qu’on oublie ou qu’on fait semblant d’oublier durant l’année, s’activent dans les neurones de notre mémoire, comme des virus cachés dans les replis de notre chair. Tranquillement, les trépidations augmentent jusqu’à ce que MDN se déploie dans toute sa splendeur, car on sait qu’il y a toutes les chances que tous et toutes rejouent les mêmes rôles dans la pièce de théâtre festive. Ça s’appelle la compulsion de répétition. Pas besoin d’expliquer ce que ça veut dire, ceux et celles que MDN hante en connaissent le sens.


Mais, j’ai un truc. Je connais une recette qui peut contrer le poison ou, du moins, en atténuer les effets. La voici : dans un bol, ajouter deux pincées d’anti-attente, une cuillerée à thé d’anti-espoir, une cuillerée à table de non-désir, une tasse de non-agir et deux tasses d’anti-susceptibilité. Fouettez le tout vigoureusement et, avant de vous rendre là où vous devez aller, avalez d’un trait, ça goûte méchant mais c’est efficace!


Joyeux Noël!!


F


 
 
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