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Les petites

  • F
  • 20 nov. 2024
  • 2 min de lecture

C’est notre nom affectueux pour elles. En fait, on ne sait pas trop pourquoi on les appelle ainsi. C’est venu tout seul et on ne l’a pas questionné. C’était naturel. Bientôt, elles vont nous laisser seuls avec nous-mêmes, sous un Galarneau tout pâle, dans le froid et, peut-être, dans la neige. Aujourd’hui, on ne sait plus quand les flocons vont arriver. On passe novembre dans le noir quand il fait nuit. Avant, le tapis blanc arrivait plus tôt et égayait cette noirceur. C’est à un point où les petites restent plus longtemps. L’an dernier, on les a vues dans la neige. Ça n’avait pas l’air de les déranger. De toute façon, elles savent quoi faire. Bien plus que nous.


Elles vont terriblement nous manquer. Elles nous font rire chaque fois qu’on les rencontre, avec leur joie d’être pleines d’elles-mêmes. Dans leur cas, pas de déchirantes questions existentielles, car elles sont plongées dans l’existence. Elles sont dotées de tout ce qu’il faut pour mener une vie riche. Chaque jour ou presque, elles réjouissent nos promenades avec leur air tranquille, leur insatiable appétit, leur démarche de reine. Et c’est sans compter les spectacles qu’elles nous offrent à faire pâlir tous les cirques de ce monde : défilé harmonieux sur l’eau, chant préparatoire au vol en formation en rase-mottes au-dessus de l’eau ou manœuvres en plein ciel, atterrissage rapide sur courte piste à faire envie à tous les pilotes de chasseurs. Surtout, n’oublions pas le jeu de la descente des rapides. Quelle merveille de les voir se rendre proche du courant et de se laisser aller dans les vagues où elles bondissent au gré des cahots de la rivière, puis de recommencer encore et encore. C’est évident qu’elles s’amusent comme des petites folles!


Vous avez deviné bien sûr, je vous parle des bernaches. Elles sont partout. J’en ai même vu deux à l’angle du boulevard Moussette et de la rue Gamelin à Hull. Je ne serai pas surprise d’en apercevoir sur nos parterres d’ici quelques années. Pour une fois qu’une espèce n’est pas en voie d’extinction!


Ce qui m’attendrît le plus et ce qui me les rend si chères, c’est leur talent de parents. Chaque couple veille avec une telle douceur sur leurs petits : les deux adultes les protègent de leurs corps quand les tout jeunes sont dans l’eau vive. Ils se placent autour d’eux afin que le courant ne les emporte pas. C’est vraiment beau à voir ces petits bébés bernaches jaunes comme des petits canards jaunes se dandiner en toute sécurité dans la force des vagues printanières. Puis la garderie se forme, tous les jeunes rassemblés avec les gardiennes qui les guident sans brusquerie en se positionnant vers où elles veulent qu’ils se dirigent. Tout se passe dans le calme.


Et je me dis qu’elles pourraient nous en apprendre beaucoup les bernaches sur l’art d’aimer et d’éduquer les enfants.


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